Portrait du préfet de police en fasciste éternel (préface)


 Le fasciste, nous dit le Larousse, est partisan d’un régime politique reposant sur un État fort et sécuritaire, privant ses citoyens de libertés.

La question n’est donc pas de savoir si la définition convient à cet obsédé pathologique de la répression qui substitue à la doctrine du maintien de l’ordre « à la française » une doctrine de brutalité massive (in-)digne des pires dictatures, dont l’énucléation des manifestants par tir de LBD est l’un des monstrueux parangons.

Il s’agit de comprendre comment il est devenu fasciste, en écho au « D’où viennent les monstres ? » formulé dans La Banalité du mal par Hannah Arendt, qui voyait dans le criminel de guerre nazi Eichmann un homme banal, un fonctionnaire ambitieux et zélé, entièrement soumis à l’autorité, incapable de distinguer le bien du mal.

Incapable de discerner le bien du mal, notre préfet ?

Pour en avoir le cœur net, nous avons infiltré le cerveau de la Bête, et plongé dans le passé – car il a bel et bien été enfant –, frugal et frustré, comme vous le lirez, d’un homme suscitant la haine de millions de gens, à l’image de ce pouvoir détestable qui se roule avec complaisance dans la boue d’un fascisme qui n’a plus rien de rampant.

Mais revenons à la définition du fascisme avec un disparu qui nous est cher, et qui en connaît un rayon sur le sujet.

25 avril 1995. Umberto Eco déclare devant des étudiants de l’université de Columbia (New York) :

« Je crois possible d’établir une liste de caractéristiques typiques de ce que j’appelle l’Ur-fascisme, c’est-à-dire le fascisme primitif et éternel, toujours autour de nous, parfois en civil. Ce serait tellement plus confortable si quelqu’un s’avançait sur la scène du monde pour dire “Je veux rouvrir Auschwitz.” Hélas, la vie n’est pas aussi simple. L’Ur-fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes, chaque jour, dans chaque partie du monde. »

Eco recense alors quatorze « archétypes du fascisme éternel », repris dans un petit livre épatant, Reconnaître le fascisme (Grasset, 2013), dont certains s’accordent particulièrement bien à notre préfet : « Le fascisme éternel entretient le culte de l’action pour l’action. Réfléchir est une forme d’émasculation. »

Quant au ministre des Libertés Policières, qui fait ici de cinglantes apparitions sous le nom de Darmicron et dont on sait que son pendant dans la réalité fait l’objet de plaintes pour viol, la définition  12 relevée par Umberto Eco semble avoir été écrite pour lui : « Le fasciste éternel transporte sa volonté de puissance sur le terrain sexuel. »

Avant de vous laisser en compagnie du préfet, revenons à Hannah Arendt. « On trouve sa place dans le temps et dans le monde quand on pense. » nous dit-elle. Notre préfet n’a nul besoin de ces subtilités pour trouver sa place. Répression et brutalité lui suffisent, montrant s’il en était besoin que le camp qu’il a choisi n’est pas celui de la République, mais d’un régime plus glaçant, dont l’état d’urgence sanitaire constitue un terreau idéal.
Bonne lecture.

J.-J. Reboux

24 février 2021

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